ADN Algérie, France 2020 – 90min.
Critique du film
L'identité massacrée
ADN aurait dû être à Cannes, mais le festival a été annulé et le petit dernier de Maïwenn a finalement reçu le Label Cannes 2020. Toujours dans cette même veine qu'on lui connaît, mêlant psychanalyse cinématographique et problématiques intersubjectives, Maïwenn propose une réflexion sur l'identité, tente de saisir la substantifique moelle de l'être, entre deuil, relations familiales plus ou moins toxiques et quête d'un passé perdu, idéalisé.
Confronté à la mort du patriarche, obligé de faire le deuil de cette figure masculine qui, toujours, a porté l'identité de leur famille, tous se déchirent et se retrouvent dans une sorte de chronique de la petite histoire. Tous tentent de se relever pour se redéfinir. La douleur est une chose, la quête de sens après la mort en est une autre. Tout aussi évidente que la première. Surtout pour l'héroïne de l'histoire, campée par sa réalisatrice Maïwenn.
Outre les abysses de douleurs dans lequel plonge la mort, c'est la vaste question de l'identité qu'elle soulève. Qui suis-je? Qui suis-je quand le roc sur lequel je m’appuyais vient de quitter la terre? Qui suis-je sans ce repère guidant mes pas? Cette question est peut-être l’une des plus importantes d'une vie, l'une des plus complexes aussi. Rares sont ceux qui ont réussi à s'en emparer avec brio, finesse et réussite, de cette question, et malheureusement, ce n'est pas ADN qui viendra donner une réponse savoureuse à ces réflexions.
Deux trois choses se détachent sur le résultat mollasson et insipide qu'est ce film. L'incroyable piquant du personnage de Louis Garrel, cet homme à la langue acerbe et à l'envie de faire rire, envers et contre tous les malheurs de la vie. La justesse d'interprétation de Maïwenn également, actrice dont il est impossible de nier le talent. Pourtant, outre ces quelques points, ADN se vautre dans l'incompréhension de son propos, dans un manque de compétence et de vision flagrant et dans l'impossibilité à caractériser correctement ses personnages.
Les personnages secondaires sont amenés, les uns après les autres, devant la caméra. Comme pour leur donner leur petit moment de gloire Maïwenn leur offre une ou deux répliques cinglantes, soi-disant psychanalysant l'intimité de leur psyché. Louis Garrel, aussi drôle soit son personnage, il ne sait jamais trop ce qu'il fait là, qui il est, quel est son projet. Même Fanny Ardant, qui semble pourtant mettre tout son cœur à l’ouvrage, ne réussit pas franchement à convaincre dans son rôle de marâtre à l'égo destructeur. Sans parler des dissensions entre les deux sœurs (Maïwenn et Marine Vacth) qui retombent systématiquement comme un soufflé, ou encore du jeune Kevin qui, se fait expulser de l'écran sans avoir le temps de demander son reste.
Or si encore la cinéaste réussissait avec le peu d'armes qui lui reste à tisser une analyse psychologique, si ce n'est fine, du moins construite de ce qu'est l'identité et de comment elle s'articule avec la notion de deuil, de culture et d'appartenance à une histoire, peut-être le film aurait pu se frayer un chemin vers la réussite (surtout en ces temps si compliqués). Mais rien. Maïwenn ne réussit en fait qu’à éructer deux ou trois clichés culturels, sort de son chapeau un ou deux rebondissements incongrus qui fleurent bon la maladresse et passe finalement complètement à côté de son propos. Tous ces éléments, couplés à un faux rythme et à une découpe malhabile ne permet qu'une chose à ADN: rester en travers de la gorge comme un énième raté sur le sujet… et c'est bien dommage, car quel sujet!
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Commentaires
“Hérédité”
La mort du grand-père algérien ébranle l’entier de la famille Robert. Neige, l’aînée, en conflit avec ses parents, éprouve un besoin de plus en plus pressant de retrouver ses origines.
Il était le pilier central, la colonne vertébrale. Autour de lui, les guerres intestines s’apaisaient. Main, dans la main, enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants se rapprochaient. Et se souriaient. Que vont-ils devenir maintenant ?
Maïwenn a le chic pour déstabiliser son spectateur. Elle l’émeut, l’amuse et l’agace. Comme dans cette scène où l’on palabre pour choisir un cercueil. Dans le grave s’immisce le conflit, l’absurde et le rire. Son regard attentif touche également quand elle filme la vieillesse, la maladie, la mort. Moins réussies sont les relations toxiques intergénérationnelles, rengaines dans son cinéma. Des esclandres pas toujours subtils qui semblent des messages très personnels adressés par l’actrice-réalisatrice. Le cocon familial est devenu… un nid de vipères. Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Pourquoi ne m’aimes-tu pas ? Maïwenn s’exhibe un peu, beaucoup, à la folie, et se rapproche parfois de l’universel.
6.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 4 ans
Alors autant le dire tout de suite, je n'ai absolument pas aimé ce film. Peut-être que ce n'est pas la période la meilleure pour le voir. Toujours est-il que j'en suis ressorti avec le moral dans les chaussettes. En plus je l'ai trouvé long, lourd et ennuyeux. (G-31.10.20)
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