Bienvenue à Marwen Etats-Unis 2018 – 116min.

Critique du film

Quand l'imaginaire prend vie

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

En avril 2000, alors qu'il est dans un bar, Mark Hogancamp se fait tabasser par cinq hommes pour avoir avoué qu'il aimait porter des chaussures de femmes. L’homme finira dans le coma et à son réveil, il est victime d'amnésie. Il commence alors à se créer un monde imaginaire avec des figurines représentant ses proches, ses agresseurs ou lui-même et à construire un village miniature nommé Marwen en guise de thérapie.

L'histoire de Mark Hogancamp trotte dans l'esprit de Robert Zemeckis depuis 2010 lorsqu'il découvre le documentaire Marwencol. Il rêve alors de narrer l'imagination de cet homme en donnant vie aux personnages et au village imaginé par Mark. Un moyen de rentrer dans sa tête et ce de manière fantaisiste et inédite. À ce niveau, Bienvenue à Marwen est une prouesse technique ahurissante.

Robert Zemeckis est un des maîtres des avancées technologiques du cinéma actuel notamment grâce aux procédés qu'il a expérimenté dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (mélange d'animation et prises de vues réelles), Forrest Gump (incrustation dans des images d'archives) ou encore Le Pôle Express (premier film entièrement réalisé en performance capture). Avec son nouveau long-métrage, il décide encore une fois d'innover en filmant des acteurs en chair et en os mais aussi dans leur version plastique. Ici, Robert Zemeckis repousse les limites de la motion capture.

Grâce à cette technique, Bienvenue à Marwen se révèle être une ode aux rêveurs à la mise en scène absolument fascinante. Le cinéaste derrière Retour vers le futur (d'ailleurs cité en clin d’œil dans le film) s'amuse des échelles de grandeur avec brio. Ne répondant à aucun code du biopic classique, Bienvenue à Marwen se différencie du commun du mortel cinématographique et des standards connus du public en reliant, dans un mouvement perpétuel et virtuose, l'illusion et le réel pour livrer un récit bouleversant empli de poésie. Mais si le film manque parfois de rythme, l'énergie narrative débordante du réalisateur surprendra jusqu’à en faire oublier les quelques stries scénaristiques.

Enfin, bien sûr, plus qu'un conte attachant, Bienvenue à Marwen pose également un regard acéré, triste et évocateur sur la société actuelle dont seul l'imaginaire permet de s’évader. Porté par un Steve Carell, meilleur de rôle en rôle dans des partitions dramatiques, et un parterre de personnages féminins incarnés par Leslie Mann, Merritt Wever ou Diane Kruger, le dernier film de Zemeckis est un petit bijou d'humanité. Parfait pour commencer l'année 2019 avec des étoiles dans les yeux.

En bref !

Après 40 ans de carrière, Robert Zemeckis continue d'innover et de surprendre avec Bienvenue à Marwen. Il offre un mélodrame techniquement incroyable, d'une force narrative folle et d'une beauté plastique ahurissante, le tout porté par un récit terriblement touchant et un casting cinq étoiles.

14.05.2019

4

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Commentaires

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Eric2017

il y a 5 ans

J'ai trouvé ce film plein de sensibilité, d'émotion. Le mélange entre les personnages réels et celui des "poupées" est super bien fait. J'ai été totalement conquis par Zemeckis qui raconte cette histoire vraie d'une manière tout à fait fantastique. Steve Carell et Leslie Mann jouent parfaitement bien. Un très bon film. (G-09.01.19)Voir plus


CineFiliK

il y a 5 ans

“La vallée des poupées”

Mark a perdu la mémoire après un lynchage qui l’a pratiquement laissé pour mort. En attendant le procès de ses agresseurs, il construit un monde habité par des poupées dans lequel il peut mettre en scène et rejouer sa propre vie.

Bienvenue à Marwen, petit village de Belgique imaginaire perdu en pleine Seconde Guerre mondiale. Un pilote américain et quelques Amazones surentraînées le protègent de l’invasion nazie. Mais gare à la fée verte qui trouble et empoisonne les esprits.

De cet univers propre à l’enfance, suintent l’érotisme et la violence. Dans l’esprit de Mark, la femme, obscur objet de désir, est une combattante admirée et fétichisée jusqu’à la pointe de ses souliers. Basé sur des faits réels, le film oscille entre conte fantastique, drame intime et romance perverse, quêtant un équilibre qu’il ne trouve pas toujours. Malgré ces failles, Zemeckis demeure un magicien des effets spéciaux, parvenant à donner à ses poupées, les visages des acteurs qu’elles incarnent. Et quand il fait réapparaître à un carrefour la DeLorean, c’est un retour vers le passé qui nous enchante.

6/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


vincenzobino

il y a 5 ans

Retour vers la réalité
De nos jours, Marc Hogancamp est un photographe ayant créé un monde imaginaire, Marwen, inspiré d’événements survenus en 1944 en Belgique. Sa vie n’est plus comme avant depuis un passage à tabac subi car portant des talons hauts. L’arrivée de sa nouvelle voisine, Nicole, pourrait bien lui rappeler de mauvais souvenirs, le compagnon de cette dernière venant de la plaquer brusquement. Mais ses agresseurs jugés ne peuvent être condamnés que si Marc est prêt à témoigner à leur procès.
Bienvenue dans le monde selon Hoggy, comme il se surnomme. Un univers où paranoïa historique et vécu douloureux se mélangent et ne semblent pas prêts à fusionner. Un univers touchant.
Durant la première heure, un tas de questions nous trottent en tête : quel est le véritable état mental de Mark et donc, comment peut-il vivre dans la réalité et non son monde?
Certaines réponses alors apportées nous marquent et l’analyse entre réalité et fiction n’a rarement autant trouvé son sens ici, d’une part par la part psychologique sur notre créateur de rêves vivant en plein cauchemar delirium mais surtout lorsque l’on aperçoit les visages de ses agresseurs.
Zemeckis profite de ce récit vrai pour nous dresser un bilan de santé de sa filmographie : de la voiture volante de Mark à sa « Jenny », en passant par la solitude de Chuck et les résurrections allant si bien et le Pole express guerrier ainsi reconstitué, le connaisseur du réalisateur en ressort touché.
Une très jolie expérience parfois dure à recommander...Voir plus


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