The Bookshop Allemagne, Espagne, Royaume-Uni 2017 – 113min.

Critique du film

Les déboires d’une libraire dans la pittoresque Angleterre

Clélia Godel
Critique du film: Clélia Godel

En 1959, Florence Green (Emily Mortimer), une passionnée de littérature, décide de racheter une vieille bâtisse désaffectée de la petite ville côtière d’Hardborough, en Angleterre, pour la transformer en librairie. Réfractaires dans un premier temps, les villageois commencent à apprécier l’établissement et les ouvrages proposés par Florence. Cette dernière peut d’ailleurs compter sur les précieux conseils du gentleman solitaire M. Brundish (Bill Nighy), un amoureux de la lecture, pour l’aider dans ses commandes. Mais l’influente Violet Gamart (Patricia Clarkson), opposée à ce projet, va tout faire pour empêcher le succès de Florence.

Faut-il tout risquer pour réaliser ses rêves ? C’est en tout cas ce que va entreprendre la douce et naïve Florence en ouvrant sa librairie dans une ville peu réceptive. On ne peut d’ailleurs qu’admirer le courage et la détermination qui habitent cette femme, qui s’évertue à mener à bien son projet malgré les obstacles qu’elle doit affronter. Son amour pour la littérature, qui surpasse ses volontés de profit, constitue la force du film et souligne l’importance de transmettre cette culture aux générations suivantes, comme en témoignent les scènes avec la jeune Christine (Honor Kneafsey).

Mais à force de se focaliser essentiellement sur Florence, la réalisatrice en perd parfois sa vision d’ensemble. Comme les personnages secondaires apparaissent sporadiquement, leurs intentions ont tendance à être négligées au profit de la petite vie de Florence qui tourne un peu en rond. Ce n’est qu’à la fin du film que l’ampleur des actions des autres protagonistes prend sens, nous laissant perplexes quant à la manière dont elles ont été traitées sur la longueur.

Malgré un sujet qui s’y prêtait volontiers, The Bookshop manque aussi de fougue et cela se transcrit dans la mise en scène peu inspirée qui a tendance à se répéter. Hormis les paysages pittoresques du bord de mer, le film peine à nous transporter véritablement. En revanche, Isabel Coixet a su choisir de bons comédiens habitués des productions en costumes pour égayer son long-métrage. La fraîcheur d’Emily Mortimer renforce notre sympathie pour le personnage de Florence, tandis que les scènes qu’elle partage avec Bill Nighy comptent parmi les meilleurs moments du film. Quant à Patricia Clarkson, elle incarne avec beaucoup de classe une Violet Gamart hautaine, sournoise et mystérieuse qui aurait mérité plus de temps à l’écran. Sa performance rappelle d’ailleurs étrangement le rôle qu’elle tenait dans l’excellente mini-série Sharp Object.

En bref !

Divertissement sympathique, bien que très sage, The Bookshop nous paraît trop anecdotique pour mériter toutes les récompenses reçues. On lui préfère nettement le feel-good movie The Guernsey Literary and Potato Peel Society sorti cet été, dont les personnages, bienveillants et attachants, s’évadaient grâce à la lecture.

20.02.2024

3

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Commentaires

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vincenzobino

il y a 5 ans

3.5: Vipère au poing
Les années 1950, à Hardborough en Angleterre: Florence est sur le point d’ouvrir une bibliothèque dans une maison désaffectée, ce qui n’est du goût de peu d’habitants, Edmund un solitaire excepté. Violet, la riche fortune du village en tête souhaite ouvrir un musée d’Art. Et va donc mettre tout en œuvre pour que la bibliothèque ne voie jamais le jour. Mais Christine, une fillette amoureuse de littérature compte bien aider Florence à mener à bien son projet.
Bienvenue en Angleterre, et sa campagne accueillante de même que ses côtes. Un décor idéal pour permettre à des serpents de progresser et d’étouffer leurs proies jusqu’à suffocation.
Ma métaphore va vous sembler exagérée mais elle illustre à merveille l’attitude de cette communauté qu’il ne faut surtout pas contrarier sous peine d’étouffement. L’analyse de cette emprise est assez éloquente, particulièrement illustrée par Edmund et son lien passé avec le village ayant provoqué sa solitude.
Remarquablement filmé et interprété, tout spécialement Bill Nighy, cette chronique manque peut-être d’une dramaturgie pure pouvant nous révolter. Mais elle dresse un procès assez retentissant sur la richesse et le pouvoir en découlant, et le personnage narrateur, une fois connu, en est un parfait procureur tapant... du poing.
Se laisse donc tout à fait voir...Voir plus


Eric2017

il y a 5 ans

Ambiance British garantie ce film est excellent. Un casting magnifique avec la présence inoubliable de Bill Nighy et une scène extraordinairement belle à mes yeux, celle du dialogue au bord de mer entre Bill Nighy et Emily Mortimer. A voir en VO. (G02.01.19)


georges511

il y a 5 ans

Une œuvre purement virtuose
Personnellement je la conseillerai à tot le monde tellement elle est bouleversante à l'heure du tout numérique et de la dénaturalisation comme la disparition petit à petit des choses matérielles vraiment importantes dans le monde qui nous entoure.

Les livres, les jouets car de plus en plus dominés et exterminés par ces jeux vidéos dvd bluray consoles et autres gadgets qui sont sensés nous rendre de plus en plus heureux dans nos vies déjà si stressantes……


CQFD


Pour moi une œuvre majeure qui m'a bouleverséVoir plus


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